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Les entretiens pharmaceutiques constituent une composante essentielle de la pratique de la pharmacie clinique à l’officine. Souvent évoqués, parfois mal compris, et rarement réalisés, ces entretiens sont pourtant essentiels dans le suivi des patients sous traitements médicamenteux. Quel est le processus pour la mise en place des entretiens pharmaceutiques ? Comment fonctionnent-ils ? Quels patients sont éligibles ? Quels sont les bénéfices pour les parties concernées ? Décryptage.
Entretiens pharmaceutiques : de quoi parle-t-on ?
Les entretiens pharmaceutiques en France ont été introduits dans le cadre de la loi HPST (Hôpital, Patients, Santé, Territoires) de 2009. Ces entretiens visent à renforcer le rôle du pharmacien dans le suivi des patients sous traitement médicamenteux.Concrètement, l’entretien pharmaceutique est un échange entre un pharmacien et son patient permettant de recueillir des informations et de renforcer les messages de conseil, de prévention et d’éducation afin d’assurer une prise en charge personnalisée et optimale du patient. Ce dispositif améliore ainsi la compréhension et l’observance des traitements, réduisant le risque iatrogénique. Il permet également d’améliorer la coordination entre les professionnels de santé autour de la prise en charge des patients.
Depuis l’avenant n°1 à la convention nationale pharmaceutique relatif à l’accompagnement par les pharmaciens des patients traités par anticoagulants oraux paru au Journal officiel du 27 juin 2013, l’Assurance Maladie valorise et structure l’accompagnement de patients souffrant de maladies chroniques par le pharmacien d’officine.
Ainsi, à ce jour, les patients traités par anticoagulants oraux (AVK et AOD), les patients asthmatiques traités par corticoïdes inhalés, les patients traités par anticancéreux par voie orale, et les patients âgés de plus de 65 ans et polymédiqués sont éligibles au suivi par entretiens pharmaceutiques.
Comment se traduit l’accompagnement pharmaceutique du patient ?
L’accompagnement pharmaceutique du patient se traduit par la réalisation d’une séquence d’au moins 2 entretiens annuels parmi ceux proposés par la Sécurité Sociale.
- Pour les patients traités par anticoagulants oraux (AVK/AOD) :
1 entretien d’évaluation suivis d’au moins 2 entretiens thématiques (suivi biologique, effets du traitement, vie quotidienne)
- Pour les patients traités par corticoïdes inhalés pour l’asthme :
1 entretien d’évaluation suivis d’au moins 2 entretiens thématiques (principe du traitement, effets du traitement, observance, facteurs déclenchants)
- Pour les patients traités par anticancéreux par voie orale :
1 entretien d’évaluation suivis de 2 entretiens thématiques (vie quotidienne et effets indésirables, observance)
Bilan partagé de médication : un cas particulier
Les bilans partagés de médication (BPM) consistent à recenser et analyser tous les traitements d’un patient et à rechercher avec lui un consensus pour renforcer l’adhésion thérapeutique et réduire le risque iatrogénique. La convention nationale pharmaceutique a institué en 2018 les “bilans partagés de médication” (BPM).
Par ailleurs, la nouvelle convention prévoit une dérogation aux conditions d’éligibilité au bilan partagé de médication pour les patients résidant en EHPAD (établissement d’hébergement de personnes âgées dépendantes), très sensibles au risque iatrogénique du fait de leur âge et de leur forte médication, afin de les inclure dans la cible du dispositif.
Entretiens pharmaceutiques : activité rémunérée par l’Assurance Maladie
Ces entretiens sont rémunérés entre 50 et 80 euros la première année puis 20 à 30 euros l’année suivante, exonérés de TVA. Depuis 2020, tous les accompagnements pharmaceutiques sont payés à l’acte et non plus sous forme de ROSP. La première année, les accompagnements pharmaceutiques sont payés dès lors que les différentes étapes du parcours ont été réalisées.
15 % des pharmaciens ont réalisé au moins un BPM ou un entretien pharmaceutique
Les entretiens pharmaceutiques peinent à intégrer l’activité quotidienne des pharmacies d’officine. Suite à l’enquête menée par l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) en juin 2022, les données révélées par le Groupement pour l’Évolution et la Recherche en Soins (GERS) confirment le niveau d’engagement limité des pharmaciens dans la réalisation d’entretiens pharmaceutiques et de bilans partagés de médication (BPM). Alors que les officines jouent un rôle de plus en plus crucial dans l’accompagnement des patients, elles sont confrontées à des choix difficiles en raison du manque de temps et de personnel.
À la fin de l’année 2020, seulement 13 % des confrères avaient entrepris la démarche des bilans partagés de médication (BPM). Dix-huit mois plus tard, l’évolution reste modeste. Selon les données du GERS jusqu’à fin mai 2022, seulement 15 % des pharmaciens ont réalisé au moins un BPM ou un entretien pharmaceutique. Ce chiffre ne diffère guère des résultats de l’enquête de l’UNPF de mai 2020, soulignant l’écart significatif dans l’engagement des confrères selon les missions. En effet, l’engagement varie de 96 % pour la vaccination contre la grippe à 72 % pour le dépistage du Covid, tandis qu’il est seulement de 19 % pour les entretiens pharmaceutiques et 18 % pour les BPM. L’UNPF souligne que cela est attribuable au caractère chronophage de ces missions, qui se heurte au manque de temps, de rémunération et de personnel.
Quels outils pour optimiser cet acte pharmaceutique ?
La digitalisation des entretiens pharmaceutiques est une solution clé. Des outils numériques au service des officines ont émergé ces dernières années. Parmi elles, Bimedoc par exemple, facilite la conduite et la traçabilité des entretiens pharmaceutiques, améliorant leur rentabilité. En effet, Bimedoc offre une plateforme technologique au service de l’expertise pharmaceutique.
Bimedoc Expert Ⓡ, module d’analyse pharmaceutique et dispositif médical, couplé aux entretiens pharmaceutiques et BPM est une illustration concrète d’un outil au service des pharmaciens. Il détecte et qualifie toutes les interactions médicamenteuses. Il est également capable de quantifier les interactions médicamenteuses pharmacocinétiques métaboliques et de proposer des adaptations de posologies ainsi que des alternatives médicamenteuses, le cas échéant.
Ce module, par l’utilisation de nombreuses bases de données médicamenteuses, détecte également les médicaments inappropriés chez les patients âgés, propose l’introduction de thérapeutiques complémentaires au regard du profil physiopathologique du patient, quantifie le risque d’allongement du QT, et calcule la charge anticholinergique.
Pour en savoir plus sur les services de Bimedoc en matière d’entretiens pharmaceutiques et l’accompagnement proposé aux officines, visitez notre site.